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Quittons la ville, la médina, la ville nouvelle et échappons nous par la plage en direction de Diabet, village perché au sud de la plage et commençons une visite vers cet autre monde qu’est le cap Sim.
Inaccessible par la route, mystérieux, l’endroit intrigue, fascine. On entend parler de rochers, d’une grotte des surfeurs, de dunes…Par beau temps on le devine au loin. La plage s’étire sur des kilomètres et des kilomètres, jusqu’aux dunes, dominées sur les hauteurs par les éoliennes de Wassen, de l’autre côté de la pointe, et aux falaises du cap sur lequel veille un phare, frère jumeau de celui d’Essaouira. On le rejoint à pied mais plusieurs heures de marche sont nécessaires, nombreux sont ceux qui préfèrent le quad, le cheval, le dromadaire encore.
Les pêcheurs, eux, se rendent dans les rochers de la marée descendante et dans leur petit village de cabanes, à bicyclette ou en vélomoteurs. Les femmes préfèrent les ânes et leurs paniers pour stocker ce qu’elles ramassent.
Notre balade commence à l’oued Ksob, fronière entre les pays arabe (chaidma) et berbère (haha). Un peu d’histoire pour commencer avec les ruines ensablées de dar el Soltane et le borj el baroud, vaisseau de pierres crénelé, échoué sur la plage. Les promeneurs de la plage sont nombreux à marcher jusqu’à lui, silhouette fantomatique et intrigante. Continuons d’avancer, la ville et les îles de Mogador s’effacent doucement, et nous trouverons une résurgence d’eau douce, sur le sable mouillé de la marée qui descend. La plage porte le nom de « mahalou » ou « mahalou », « eau douce » littéralement.
Un homme creuse un trou et y remplit des bidons, des vaches et des ânes errent non loin. Très proche de la source, des cabanes de pêcheurs et partout des rochers plats aux mille crevasses, s’achevant par une barre de roches ciselée. Un autre monde et des activités différentes de celles de la ville. La plage s’étire encore, plus déserte, quelques rares pêcheurs à pied, les dunes de sable se font plus hautes. Succession de plages, de criques, calanques et falaises déchiquetées, cordons dunaires sur lesquels apparaissent et disparaissent des quads, une variété qui fait la richesse de ce littoral très accidenté.
Au bout, la grotte, le cap Sim, et de l’autre côté une vue sur l’infini des grèves de Tagenza et Sidi Kaouki et sur les hauteurs le village de Wassen, là où la route s’arrête, où les arganiers, les mimosas, les genévriers prennent le relais des dunes. Le phare aussi disparait. Mais c’est une autre histoire !
La dernière crique du cap est atteinte, un monde ensorceleur de beauté sauvage. L’écrivain Tahar Ben Jelloun disait, « C’est le lieu du silence, du vent et de l’arganier, un lieu où le corps devient léger comme le duvet et se laisse emporter par le vent froid de l’Atlantique. J’ai souvent rêvé d’habiter sur ce monticule qui s’élève au dessus de la mer, ou du côté en face, sur le cap Sim ».
La prière de l’absent, Tahar Ben Jelloun, Seuil, 1981.