Selectionnez une rubrique, un article ou un numéro du GUIDO
Essaouira Mogador, histoire d’un destin singulier
Entre le VIIe siècle avant Jésus-Christ et le Ve siècle de l’ère chrétienne, il n’est question que de l’île d’Essaouira où les Phéniciens puis les Romains s’installèrent pour faire du commerce avec les habitants de la côte ou, surtout, pour exploiter le murex nécessaire à la production de la pourpre tant recherchée à Rome.
Après la chute de l’Empire romain, et pendant mille ans, on n’entendra plus parler d’Essaouira.
Nous profiterons donc de cette longue page blanche pour regarder le Maroc se constituer, les arabes y apporter leur religion, leur langue et leur culture, et les tribus, éparses et indépendantes, nomades ou sédentaires, accepter l’autorité de chefs fédérateurs.
C’est un sultan alaouite visionnaire qui, au XVIIIe siècle, permit à Essaouira de connaître un destin exceptionnel : pendant un siècle et demi, elle occupera la première place parmi les ports marocains grâce au trafic commercial nourri avec les grandes places maritimes d’Europe. Et nous la verrons aussi, cette petite ville, mettre en relation l’Europe et même l’Amérique, avec l’Afrique Noire grâce aux immenses caravanes chamelières qui reliaient la côte méditerranéenne à Tombouctou en passant par Fès et Sijilmassa.
Jusqu’à la fin du XIXe siècle, Essaouira aura tout connu : prospérité et récession, faveur des sultans et disgrâce, épidémies et razzias, bombardements même ! Et puis, rattrapée par la modernité, elle verra son commerce péricliter et, peu à peu, entrera dans les rangs de l’oubli. Petite ville de province autant du protectorat, elle accueillera l’été les colons de l’intérieur, avides de fraîcheur. L’indépendance en fera un modeste centre administratif parmi d’autres et, pendant des années, seuls de rares touristes avisés sauront bénéficier des attraits de ce petit port tranquille au charme suranné aux habitants si accueillant.
À la fin du XXe siècle, le développement croissant du tourisme et l’intérêt soudain des médias viendront sortir notre belle endormie de sa léthargie et la voici aujourd’hui, à nouveau sur le devant de la scène, choisie par le roi Mohammed VI pour devenir l’un des premiers pôles touristiques du Maroc…
André Ménard, agrégé de l’université, a passé les vingt premières années de sa vie professionnelle au Maroc où il fut tour à tour instituteur, professeur de lycée puis à l’université de Rabat avant d’assurer, à sa création, la direction de l’institut Supérieur de Tourisme de Tanger. Il a publié un guide touristique sur cette ville. Aujourd’hui retraité et quand il n’est pas en voyage, il partage son temps entre sa Sarthe natale et Essaouira.
Son livre est actuellement sorti en librairie en France et devrait rejoindre les étalages des librairies marocaines ce mois ci. Certains qui auront anticipé cette lecture certifient le résultat de ce travail mené avec rigueur et une bonne plume, accessible dans sa lecture à tous, qui le rendent agréable à lire et passionnant par ses informations.
Vivement qu’il sorte dans nos librairies marocaines (on le trouve dans les rayons en France depuis le mois de juillet), que les nombreux amoureux de Mogador /Essaouira, puissent se le procurer pour compléter leur bibliothèque sur l’histoire de la ville à travers celle du Maroc.