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Nous arrivons à l’extrémité sud de la baie d’Essaouira. Sur les hauteurs le village de Diabet. L’oued Ksob serpente aux pieds des ruines de ce que l’on peut imaginer avoir été un grand palais.
A l’automne, les hérons cendrés et les flamands roses pataugent dans les eaux boueuses, flegmatiques. Avec les années et la construction des golfs, les ruines enfouies dans les dunes, à peine visibles à l’époque, sont réapparues au milieu d’une végétation sauvage, étonnantes dans ce décor de far West, à proximité de l’immense de golf et de sa luxuriance.
Ce palais se composait de quatre pavillons carrés reliés par de hautes courtines, ainsi qu’un autre pavillon en son centre. De style andalou il possédait de beaux plafonds en boiserie sculptées et peintes ainsi que des carreaux portugais comme ceux que l’on peut encore admirer dans les riches vieilles demeures.
Le sultan Sidi Mohamed Ben Abdallah, fondateur de la ville y effectuait de fréquents séjours. Par la suite, « Dar Soltan » deviendra la résidence de Moulay Abderrhaman, gouverneur de la ville dès 1822. Le nouveau Sultan voulait admirer la ville de sa création d’une certaine distance. Il fit rénover et agrandir une maison située au sud de la baie face à la grande île, qui avait été initialement construite par un commerçant de la région. Il la fit transformer en palais d’été, vaste et richement décoré. Cet édifice allait devenir plus tard la résidence du Prince Moulay Abderrhaman Ben Hicham.
Le village de Diabet est bien antérieur à la construction de la ville. En 1626, le cardinal de Richelieu y envoie une mission afin de commercer avec ses habitants. La population de Diabet fut chargée par les différents Sultans de protéger la région haha des pirates.
En contrebas, sur la plage, reposent les ruines d’un fort portugais daté du XVe siècle. Les promeneurs s’y rendent à marée basse, méditatifs devant cet immense vaisseau de pierres échoué. Des fragments de créneaux et un morceau de muraille le composent. Ce fortin, construit de manière stratégique faisait face à celui de l’île et avait pour mission d’éviter toute tentative d’invasion par la mer comme par la terre. Les enfants y grimpent, les amoureux s’y cachent, les amateurs d’art martiaux l’adoptent pour leurs séances, il ne laisse jamais indifférent. Fort, bateau ivre, château ensablé…les qualificatifs ne manquent pas pour nommer cet étrange amas minéral qui repose sur le sable. Ici nous quittons réellement la ville. Notre route se poursuit vers l’ouest, de baie en baie, vers les rochers des pêcheurs et la source lmahalou.