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L’oued Ksob, situé au fond de la baie d’Essaouira et aux pieds du village de Diabet, a connu ces derniers siècles de nombreuses crues. Raz de marée, tempêtes et pluies diluviennes. Les ponts d’accès au village se succèdent, le dernier est en cours de finition. Les fortes pluies qui se sont abattues ces derniers mois sur la province d’Essaouira ont provoqué à plusieurs reprises le débordement de l’Oued El Ksob occasionnant des dégâts légers.
Dans l’histoire…
Le matin du vendredi 4 janvier 1856, le ciel se couvre d’épais nuages noirs. Une violente tempête accompagnée d’averses s’abat sur la ville et la mer, déchaînée et d’une extrême violence, occasionne la perte de plusieurs navires chargés de marchandises. Le jour suivant, l’Oued Ksob entre en crue. Des pluies diluviennes génèrent des inondations importantes dans la ville et sa banlieue. L’Oued sort de son lit et parvient à l’intérieur de la cité.
Durant dix jours les précipitations deviennent plus abondantes et s’accompagnent de grondements de tonnerre et d’éclairs aveuglants qui terrorisent la population. De plus en plus menaçantes, les eaux de l’Oued Ksob ravagent tout sur leur passage. Arbres, troncs d’arbre, arbustes, animaux sont emportés par le courant. Des maisons s’effondrent causant la mort de plusieurs personnes, le Borj el Oued s’écroule sur lui-même, vaisseau échoué depuis dans le fond de la baie dont l’on peut encore deviner les créneaux qui le surmontaient.
Comme ailleurs, la ville connait une succession de tourmentes. En 1913 un raz de marée provoque le même type de dégâts. Dans la nuit du 21 novembre 1927 le pont en pierres de taille situé près du village de Diabet, est emporté par les crues de l’Oued Ksob. L’inondation dévaste alors toute la région. L’oued le plus important de la région, déborde de son lit et le pont s’écroule sur une longueur de plus de 400 m. La ville de Mogador se trouve isolée et certains fonctionnaires empêchés d’y accéder, même à cheval. La crue subite et inouïe de l’oued encercle la ville et provoque d’importants dégâts matériels. Les communications téléphoniques et télégraphiques sont suspendues durant plusieurs jours. Le pont « rose » restera à l’état de ruines et ses derniers vestiges disparaissent dernièrement avec les travaux du nouveau pont. Le village de Diabet ne sera alors desservi que par une piste à la sortie d’Essaouira au niveau du phare, impraticable en cas de crues, ou par la route d’Agadir à quelques kilomètres de la ville où un pont fatigué enjambe le Ksob.
Certaines mesures préventives furent prises sous le protectorat pour limiter les inondations, pour canaliser et ralentir le fleuve. Des murets, ou gabions, sont édifiés en bordure du lit de l’oued disposés en épi ou parallèlement aux rives pour lutter contre l’érosion fluviale ou torrentielle. Le gabion, à partir de la fin du XXe siècle en génie civil, désigne une sorte de casier, le plus souvent fait de solides fils de fer tressés et contenant des pierres, et utilisé dans le bâtiment pour décorer une façade nue ou construire un mur de soutènement, ou une berge artificielle non étanche. Ils peuvent servir aussi à stabiliser des pentes ébouleuses ou à construire des protections contre les avalanches.
Comme cela s’est produit en Europe avec la destruction de haies bocagères destinées à la protection contre le vent ou les inondations, ces gabions ont été démolis pour les besoins des travaux de voierie desservant le village de Diabet et les golfs. Ces disparitions entrainent alors une prise de vitesse de l’oued en période de pluie et des débordements et inondations comme celles que la ville a connu ces derniers mois. Parallèlement aux travaux du nouveau pont et de la route qui y mène, on peut assister à la mise en place de bassins de rétention d’eau pour barrer et parer les excès de l’oued Ksob.
A une trentaine de kilomètres d’Essaouira, en amont de l’oued, un barrage est en cours de réalisation. Cet ouvrage doit assurer la protection de l’environnement, notamment celle de la baie et la plage d’Essaouira contre les inondations et les pollutions dues aux eaux de crues en plus de l’irrigation et de l’alimentation en eau de toute la région.
Lors de crues importantes, ces eaux entrainent un débordement dans certaines parties de la ville d’Essaouira et de la plage ainsi que l’inondation du réseau d’assainissement qui se traduit en période pluvieuse par des débordements des égouts renforcée par des remontées d’eau de mer.