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Les îles de Mogador et plus largement le site, occupées depuis le néolithique, sont connues depuis l’Antiquité.
En 1760 le sultan alaouite Sidi Mohammed ben Abdallah (1757-1790) décide de créer un port et une ville moderne à Mogador et de fermer le port d’Agadir, débouché du Souss. Le nouvel établissement, plus facile à contrôler qu’Agadir, aura le monopole du commerce extérieur du royaume. Il aura comme mission de drainer tout le commerce du sud marocain, dont le le Sahara.
Un atelier monétaire produisant des monnaies d’argent et de bronze est ouvert en 1767. L’atelier sera en activité sous le règne des sultans et princes :
- Sidi Mohamed III ben Abdallah (1757-1790)
- Moulay Icham ben Mohamed (1790-1797) prétendant au Trône
- Moulay Soulayman ben Mohamed (1792-1822)
Pendant 54 ans, de 1760 à 1818 (1180 H à 1234 H) environ on fabriquera des dirhams d’argent et leurs divisionnaires, muzunas ou ¼ de dirhams, ainsi que des fels de bronze coulés.
A partir de 1820 (1236 H) l’atelier cessera pratiquement de fonctionner avec le développement de la production monétaire à Fès et Marrakech.
Les conflits avec la France, la guerre avec l’Espagne, le traité de 1856 mettant fin aux monopoles du makhzen provoqueront le déclin de l’activité portuaire au profit des villes comme Larache, Mazagan (El Jadida), Safi et Tanger.
La fin du XIXe siècle et le début du XXe seront marqués par la dégradation continue de l’environnement général, Essaouira Mogador ne représentant plus guère qu’une activité régionale avec moins de 15 % du commerce extérieur du pays.
Dynastie Alaouite 1075 H à ce jour (1664 J.-C. à ce jour)
Atelier d’Essawira (ph1)
Sr - Al-Suwair :
Sh - Al-Suwairah :
EM - Essaouira Mogador :
En plus de ces 3 calligraphies, on peut voir ci-contre deux types d’écritures pour les « ss » : Sin (س) ou Sad (ص).
Dirham 1191 H - Série Ahadun ! Ahad ! (ph2)
Cette série particulière rappelle l’unicité de Dieu, « Il n’y a qu’un Dieu, il est unique »
D’après D.Eustache il s’agirait de frappes exécutées sur la cassette personnelle du sultan Sidi Mohamed III ben Abd Allah suite à une période de disette et de thésaurisation du numéraire d’argent.
Dirham 1202 H
A partir de cette date on voit apparaître sur les dirhams :
- Le nom de l’atelier avec la lettre Sin (س )
- La date en chiffres arabes orientaux (appelés hindis au Maroc)
Dirhams 1203 H (ph3)
Cette pièce montre une date en chiffres arabes orientaux, mais le zéro ne l’est pas. Placé en milieu de ligne, grand ou petit, c’est un zéro gubari.
Dirham 1206 H (ph4)
On voit un retour aux chiffres européens et Essaouira désormais écrit avec sin. Il s’agit d’une frappe du prétendant Hisam ibn Mohammed,
Sous Sidi Mohammed III - 1171-1204 H (1757-1790)
- jusqu’en 1193 H frappe en chiffres européens et Sad ص
- de 1202 à 1203 H chiffres hindis avec grand ou petit 0 gubari et Sin س
- à partir de 1204 H retour aux chiffres européens, maintien du Sin
Sous Moulay Hisam – 1205-1212 AH (1790-1797)
- en 1206 H chiffres européens, maintien du Sin س
- en 1207 H type hybride avec chiffres européens
- en 1207 H chiffres européens, retour à la lettre Sad ص
Muzuna 1189 H (ph5)
Il n’y a pas de référence pour cette monnaie, classée avec le dirham E 232. Tout en connaissant l’existence de cette muzuna, D.Eustache n’avait pu en relever les caractéristiques exactes.
3 Fels 1215 H (ph6)
Les monnaies de bronze de un et deux fels sont assez courantes pour l’atelier d’Essaouira, par contre les pièces de trois fels sont rares. Cinq seulement ont été retrouvées, dont trois dans une seule collection.
Fels 1230 H (ph7)
Ici le « 29 » qui semble être une date n’est qu’un simple motif décoratif.
Dirham 1206 H (ph8)
Annelet à gauche de la date. Ce dirham sans atelier (probablement Essaouira), a été frappé par My Hisam, prétendant, tout comme son frère My-el Husayn
Dirham 1207 H (ph9)
D. Eustache indique que ces dirhams sans atelier, ont été frappés de 1206 H à 1209 H par le gouverneur Abd er-Rahman ibn Nasir qui reconnu comme sultan Moulay Hisam ibn Muhammad, prétendant à Asfi et Marrakesh.
L’atelier pourrait être Essaouira si l’on tient compte de la présence de la « Rose de Mogador » sur certaines de ces pièces.
On peut noter le passage à Essaouira en 1219 H du sultan Moulay Soulayman, sans savoir si ceci peut être mis en relation avec l’arrêt de la production entre 1220 H (Année d’ailleurs non répertoriée) et 1228 H.
La production des fels et 2 fels reprend donc en 1228 H et semble s’arrêter définitivement en 1234 ou 1235 H.
En 1238 H il faut encore signaler l’attaque et le pillage des revenus du port avec la complicité de l’escorte chargée de sa protection.
D’autres monnaies ne sont pas présentées dans cette courte présentation de l’atelier d’Essaouira-Mogador et notamment un ½ dinar 1207 H de poids bunduqi. Ce type à la rose à 6 pétales, appelée « Rose de Mogador » est bien connu pour appartenir à la tradition des orfèvres juifs locaux et indique probablement l’atelier d’es-Suwayra. On trouve par exemple cette rose comme décoration sur le fronton de très nombreuses maisons du mellah de la médina.
D’après Eustache il y aurait deux types de gravure, donc différents coins, ce qui implique une production d’une certaine importance.
Le riad de l’atelier monétaire « Dar es Sikka » existe toujours et est en bon état. On peut le voir au centre de la médina, au fond de la rue « Dar Dheb » (Maison de l’or) qui se termine en impasse, perpendiculaire à la rue Mohamed ben Abdellah.
Yvon Mereaux