Selectionnez une rubrique, un article ou un numéro du GUIDO
Qui n’a pas entendu parler du « bonnet d’âne », bonnet classique auquel on adjoint deux appendices dressés censés représenter les oreilles d’un âne ?
Il ne servait que dans le contexte scolaire, où son port pouvait être imposé par un instituteur à un élève turbulent ou qui présentait de mauvais résultats. Cette pratique a disparue mais à l’origine, ce traitement n’avait pas pour but d’humilier l’élève aux yeux de ses camarades. Au contraire, l’âne a toujours été considéré comme un animal intelligent, et c’est en mettant le bonnet d’âne que l’on espérait transmettre cette intelligence à l’élève.
Pourquoi au Maroc lHmar (âne) est injustement traité par les hommes ? On parle avec mépris de l’âne, « bête comme un âne », « ignorant comme un âne », et « têtu comme un âne ». Et, au lieu de lui reconnaitre sa qualité de travailleur infatigable et volontaire on le maltraite.
Les Marocains adorent les ânes et s’en servent beaucoup ! Un hommage leur est rendu près de Meknès, depuis 9 ans chaque année dans la ville, les habitants témoignent leur extrême gratitude à l’animal dévoué sous la forme d’un festival avec de multiples manifestations. Une tradition étrange mais légitime, quand on sait que les ânes sont indispensables aux hommes dans ce village comme dans tout le pays pour se déplacer eux-mêmes ainsi que leurs biens.
Selon les données du ministère de l’Agriculture la population rurale est estimée à 18 millions de personnes, ce qui représente 49% de l’ensemble des ménages au niveau national.
Cet animal fourmille dans les campagnes, souvent seul moyen de locomotion pour accéder aux villages les plus reculés, habillés de leur bât de fibres et aux couleurs multicolores ! Les jours de souk des milliers d’ânes se rendent sur le marché, véhicule et transporteur de marchandises. Dans tous les souks un « parking » leur est réservé. En 2000 le Maroc compte plus d’un million d’âne soit environ un âne par habitant.
Aux dernières élections le Parti de l’âne démocratique marocain se présentait fier de son symbole !
Dans de nombreux contes ou histoires l’âne est présent, en particulier dans l’œuvre de Driss Chraïbi, auteur marocain originaire d’El Jadida. Ses contes pour enfants mettent en scène un personnage principal, l’Âne Khâl, plongé dans les traditions marocaines, ou du bon usage d’un âne. Khâl s’apparente à l’un de ses autres personnages, l’Inspecteur Ali, protagoniste burlesque des romans policiers parodiques de Chraïbi, qui possède bien des traits de personnalité s’apparentant au solipède cultivé inventé pour le bonheur et la non-édification des enfants.
L’âne un animal à protéger et à découvrir, animal intimement lié à la vie sociale marocaine et au rôle indispensable dans les campagnes !