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Animal cosmique d’origine asiatique, le paon est très en honneur dans la mythologie perse, où il symbolise notamment le Trône, chez les Soufis et dans le folklore arabe.
Il figure l’univers, la pleine lune, le soleil au zénith. Il serait même à l’origine des clepsydres des anciens califes Abbassides. Dans de nombreuses sectes, particulièrement en Turquie, Syrie, Irak, Iran, Liban, le paon symbolise le soleil et l’immortalité. Grâce aux larmes du Malik Taous, « le paon-roi », symbole double, bien et mal amalgamés, et surtout symbole divin, le feu de l’enfer peut être éteint. Oiseau médiateur, ce gallinacé est prisé par les charlatans, les cartomanciens, les talebs et les rebouteux.
Plus près de nous, il n’est pas rare d’entendre leur célèbre cri étrange dans les campagnes avoisinantes de la ville d’Essaouira et bien au-delà, car le paon est un oiseau, non seulement beau, plumage légendaire aux mille yeux porte bonheur, ou pas selon certains, mais surtout chasseur efficace pour tuer les serpents et les scorpions. Son utilité est là bien plus terre à terre !
Le plumage du paon, du moins celui du mâle, arbore des couleurs et des reflets multiples, parmi les plus belles que l’on puisse observer dans l’ordre des galliformes. Sa parade amoureuse lui fournit l’occasion d’exhiber les multiples éléments le composant. L’instrument principal de sa cour auprès d’une conquête éventuelle est, outre la livrée bleutée aux reflets métalliques qui couvre son cou et son corps, une longue traîne de quelque 100 à 150 plumes qu’il déploie en roue. Les noirs, les bruns et toutes les teintes dérivées dans la gamme du rouge, de l’orange, de l’ocre sont dus à la présence, en concentration variable, d’un pigment foncé, la mélanine.
Les irisations, les teintes aux reflets métalliques, notamment les verts, les bleus et les dorés, proviennent de la diffraction des rayons lumineux. Cette décomposition de la lumière est elle-même assurée par la structure particulière et complexe des éléments constitutifs de la plume, qui agissent comme autant de prismes. Arrêtons-nous à son fabuleux plumage car le paon véhicule depuis des siècles une telle multitude de croyances ou de légendes que l’on n’en finirait jamais. Signalons juste que l’on trouve notre oiseau comme ornement dans les tapis de prière, ainsi que sur les murs des demeures musulmanes où très généralement un double symbolisme liturgique et décoratif lui est attribué.