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Pour qui connait le port d’Essaouira, il sera surpris de constater que le nombre de barques bleues mises au sec augmente chaque jour. Depuis quatre mois elles sont attaquées par le moussa, en français le taret. Inlassablement, les pêcheurs les démontent, les réparent et les remettent à l’eau.
La flottille de pêche artisanale est très importante au Maroc : les palangriers, barques en bois (5,40m de long, 2m de large et 0,45m de tirant d’eau) sont plus de 20 000 sur toute la côte marocaine : la plupart de ces embarcations sont construites à Essaouira. Elles affrontent les gros rouleaux, la houle de l’Atlantique et possèdent des qualités marines exceptionnelles.
Un chantier naval breton en a effectué une réplique, l’idée étant de la reproduire en conservant ses qualités (stabilité, vitesse, solidité, insubmersibilité) mais en les améliorant en la réalisant dans des matériaux modernes (fibre de verre, résine polyester...). Afin de maintenir le poids d’origine, un lest de 100 kg de plomb a été rajouté à la quille.
La première de ces barques, « La Mogador », est née à Sidi Ifni, dans le Sud marocain à l’automne 2005.
Le taret est un mollusque marin à coquilles bivalves, en forme de ver à corps très allongé, qui creuse les bois immergés des bateaux ou des pilotis grâce à ses valves qui lui servent de râpes. Ce sont d’authentiques xylophages ou « mangeurs de bois ».
Les tarets sont difficiles à éliminer soit par la mise au sec des bateaux soit par leur mouillage en eau douce, traitements auxquels ils résistent plusieurs jours, voire plusieurs semaines.
En creusant de longues et nombreuses galeries, ces parasites diminuent la résistance des pièces de bois qu’ils colonisent et finissent même par les détruire complètement. En conséquence, ils occasionnent des dégâts considérables aux constructions en bois, simples ou complexes, soumises au contact prolongé avec l’eau de mer. C’est donc aux mesures préventives qu’il convient de recourir pour éviter les dégâts qu’ils sont susceptibles de provoquer.
Dès l’antiquité les hommes enduisent de goudron les coques de leurs navires ce qui améliore leur étanchéité mais limite aussi l’attaque du bois par des organismes divers dont les tarets. Les grands navires en bois furent protégés grâce au revêtement de leur carène par des clous à large tête ou par des plaques en cuivre. A l’heure actuelle, les peintures antisalissure ou le goudron, mais à condition d’être parfaitement continues, suffisent généralement à interdire l’entrée des tarets.
A Essaouira, pour des raisons de coût, peu de barques ou de bateaux sont protégés par de tels revêtements. C’est la loi du temps, le moussa va et vient mais est de plus en plus présent probablement à cause du réchauffement de l’eau.
Etonnamment, en arabe, Moussa signifie « sauvé des eaux ».