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Le 12 janvier prochain sera célébré Yennayer et les berbères entreront dans l’année 2963.
Yennayer est la seule fête non musulmane commune à tous les peuples d’Afrique du Nord. Dans chaque région, elle donne lieu à des festivités diverses et à des repas familiaux.
Yennayer est la fête célébrant le passage au nouvel an par les Imazighen (les « hommes libres »). À l’instar des autres civilisations dans le Monde (Russe, chinoise, irlandaise, arabe etc.), les Imazighen avaient donc leur propre calendrier bien ancien, basé à la fois sur les changements de saisons et les différents cycles de la végétation qui déterminent les moments cruciaux pour l’agriculture, et sur les positionnements des astres comme la lune et le soleil.
Pour les Imazighen, Yennayer est d’abord une porte qui s’ouvre sur le nouvel an et appelée tabburt useggwass (la porte de l’année). Sa célébration s’explique par l’importance accordée aux rites et aux superstitions de l’époque dont certaines subsistent encore de nos jours. La période en question attire particulièrement l’attention car la saison correspond à l’approche de la rupture des provisions gardées pour l’hiver. Il convient donc de renouveler ses forces spirituelles en faisant appel aux rites. À cette époque de l’année, le rite doit symboliser la richesse.
Ainsi, pour que la nouvelle année entamée soit plus fructifiante et la terre plus fertile, il convient de se purifier et de nettoyer les lieux. On obéit également aux lois rituelles telles que le sacrifice d’un animal (Asfel) sur le seuil de l’année, comme on le fait encore de nos jours sur les fondations d’une nouvelle bâtisse.
Le rituel asfel symbolise l’expulsion des forces et des esprits maléfiques pour faire place aux esprits bénéfiques qui vont les soutenir l’année durant. Si les moyens le permettent, seront sacrifiés autant de bêtes qu’il y a de membres de famille. La tradition a retenu le sacrifice d’un coq par homme, une poule par femme et les deux ensembles pour les femmes enceintes afin de ne pas oublier le futur bébé. A défaut de viande, chaque membre de famille sera représenté par un œuf surmontant une couronne de pâtes.
Le diner ce jour là sera servi tard et se doit d’être copieux, ce qui aux yeux des Imazighens augurera une année abondante. La viande de l’animal sacrifié y sera servie conformément au rite.
Certains ne pouvant se permettre un tel sacrifice, servent de la viande sèche, comme acedluh, gardée pour de pareilles occasions. Lors du diner, une cérémonie est prononcée afin de préserver les absents et de faire que l’année soit bonne. Les absents ne seront pas les oubliés du repas : des cuillères disposées par la mère symbolisent leur présence et une proportion symbolique leur sera laissée dans le plat collectif, sensé rassembler toutes les forces de la famille.
Après le repas il convient de vérifier si tout le monde a mangé à sa fin. C’est la maitresse des lieux internes (la grand-mère ou la mère) qui pose la question aux enfants pour savoir s’ils ont mangé à leur faim : la réponse est becqua neswa (oui nous avons mangé et sommes rassasiés). La maitresse des lieux n’oublie pas non plus les proches ou les voisins, lesquelles lui rendent également des aliments différents : il n’est pas de coutume de laisser balader des ustensiles vides le jour de laâwacher (jour béni).
La fête garde de sa saveur pendant les quelques jours qui suivent l’événement. Les fruits secs amassés ou achetés le reste de l’année, figues sèches, amandes, noisettes, dattes, etc. seront également présentés aux convives.
A cette occasion, et pour célébrer la culture berbère, l’AFME inaugure le premier festival festival amazigh qui débutera le 17 janvier2013 en partenariat avec la délégation à la culture d’Essaouira.