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Depuis des années, le Maroc souffre de périodes de sécheresse qui rendent le monde rural fortement dépendant des ressources en eau du pays. Les techniques séculaires d’irrigation, encore en usage de nos jours, témoignent du savoir-faire et de l’ingéniosité des populations pour capter l’eau : barrages de dérivation, séguias, khettara (canalisations souterraines drainant les eaux de la nappe phréatique, notamment dans le Haouz de Marrakech), puits ou norias ont depuis longtemps été aménagés dans les montagnes et les oasis.
Dès le début des années 1960, une politique de grands barrages, mise en œuvre auparavant par le Protectorat français a été accélérée par le Maroc indépendant, pour l’irrigation, la production hydroélectrique et l’alimentation en eau potable. A côté des grands espaces, de petits périmètres irrigués ont vu le jour grâce à l’essor des motopompes, la plupart du temps financés par les Marocains résidents à l’étranger.
Avec un débit de 1500 m3 par seconde, contre une moyenne de 500 m3 par seconde, l’oued le plus grand de la province, le Ksob, a débordé à l’entrée de la ville à plusieurs reprises ces derniers mois à l’occasion de la persistance des fortes précipitations orageuses, amenant les autorités à mettre en place des digues de protection.
Dans le cadre des efforts de régularisation du volume des eaux de l’oued El Ksob, un barrage est en cours de construction pour un investissement de 630 millions de dirhams.
Selon les spécifications techniques, le barrage Zerrar, d’une hauteur de 63 mètres, avec une superficie du bassin versant de 1.334 km2 et d’une retenue d’eau de 65 millions de m3, permettra de régulariser un volume de 19 millions m3 d’eau par an et d’alimenter la ville d’Essaouira et les régions avoisinantes en eau potable. Ce territoire s’étend d’Essaouira à Ounagha à l’Est et Tamanar au Sud (70 km d’Essaouira) où le barrage de Sidi Mohamed Ben Slimane El Jazouli, inauguré en avril 2007, prend le relais de l’approvisionnement.
Cet ouvrage se situe à une trentaine de kilomètres d’Essaouira, en amont de l’oued Ksob. Pour parvenir sur le site, prendre la route d’Agadir jusqu’à Tidzi puis, à gauche la route de Neknafa. A une dizaine de kilomètres plus loin, une piste sur la gauche, de 7 kms, mène au chantier, néanmoins l’accès en est interdit. Les travaux de construction du barrage, avec l’aménagement d’une voie d’accès, permettent aux villages de la région et à ses habitants, les Souassa, de sortir de leur isolement.
Les travaux de préparation et d’installation du chantier du barrage Zerrar ont été amorcés voici deux ans et devraient être terminés d’ici quatre ans, entrepris par la société SCTM. Néanmoins les crues de ces derniers mois ont eu pour effet de provoquer un retard. Selon les périodes, 70 à 800 ouvriers peuvent travailler sur ce chantier : des logements, épicerie, café, cabine téléphonique… ont été bâtis à proximité du chantier pour leurs besoins.
Ce barrage a été programmé dans le cadre du plan directeur intégré d’aménagement des eaux du bassin du Tensift, approuvé par le Conseil supérieur de l’eau et du climat. Il permettra d’alimenter en eau potable et industrielle la ville, les centres avoisinants et la station balnéaire Mogador projetée dans le cadre du plan Azur.
Essaouira est actuellement desservie par la nappe de Kourimat-Meskala, susceptible de baisser et exposée à un risque certain d’intrusion des eaux marines. En outre, cette seule ressource ne peut suffire à subvenir à la demande en eau croissante d’Essaouira notamment en période de haute saison (80 000 hab. et 20 000 de plus en période estivale) et aux besoins en eau des projets touristiques programmés. Ces projets touristiques ne peuvent avoir lieu que si l’approvisionnement en eau de la ville est sécurisé, note un document du département de l’Eau.
La dotation allouée à la ville à partir de ce barrage sera de 6 millions de mètres cubes par an. A cela s’ajoute l’irrigation du périmètre de Ksob-Iguezoullen qui s’étend sur une superficie de 1.500 ha pour un besoin de 12 millions de mètres cubes par an. Il se donne également pour objectif la protection de la baie et de la plage de la Cité des Alizés contre les inondations et la pollution des eaux de crues.